Le décès brutal de l’un d’entre nous, à qui nous dédions ce projet nous a profondément affectés et rapprochés. Par ailleurs, avec le temps, nos débats sur l’art de la photographie se sont approfondis, enrichis, nourrissant nos pratiques photographiques respectives. La maîtrise progressive de la technique a permis à chacun d’entre nous de s’emparer d’une nouvelle approche artistique de la photographie, moins classique et plus personnelle. Flous, lumière artificielle combinée avec la lumière naturelle, noir et blanc, mélanges des genres photographiques, se sont ajoutés à la palette photographique de l’ensemble de notre groupe pour nous porter vers de nouvelles démarches artistiques.

Et c’est naturellement, au cours d’une sortie commune ayant pour sujet la photographie de rue, qu’est né ce projet. Nous sommes allés à la rencontre des grenoblois, appareils et flashs cobra aux poings.

Au-delà de ces rencontres fortes, cette expérience nous a amenés à une réflexion sur le rôle des photographes dans la cité. En effet, nous avons pu constater à quel point la photographie de rue, au-delà de sa complexité de mise en œuvre et des appréhensions qu’elle engendre, suscitait une saine curiosité, partagée par les uns et les autres et permettait un dialogue générationnel, culturel, social et artistique.

L’organisation en collectif associatif s’est alors imposée comme une évidence. Si nous interrogeons la place de l’individu dans la société, nous devons également interroger la place du photographe dans un groupe. Ce projet nous permet donc de questionner la notion d’auteur, elle aussi, enfermée dans de nombreux présupposés atomisant. Nous devons partager nos sensibilités différentes pour créer un territoire photographique commun et construire une identité esthétique commune afin de les présenter en tant qu’œuvre collective à un public.